Fiche de Synthèse : Organisation du travail

 

 

I. L'ORGANISATION DU TRAVAIL FACTEUR DE CROISSANCE

L'apparition du Taylorisme et du Fordisme a permis d'améliorer la productivité par le biais d'une meilleure organisation du travail. C'est donc une croissance de type intensive, qui repose sur les gains de productivité : produire plus en essayant d'utiliser plus efficacement le travail et le capital.

TAYLORISME :
Le but : Gagner en productivité. Le fait de gagner en productivité passe par une organisation du travail.
Le principe : Réorganiser le travail selon deux directions :
1. division verticale du travail : séparation entre la conception et l'exécution. Naissance d'un personnel d'encadrement (les cadres) et d'une nouvelle couche sociale (l'Ouvrier Spécialisé).
2. division horizontale du travail : découpage des tâches. Trouver « the one best way ». Contrôler les cadences de travail..
Les conséquences :
1. Augmentation de la productivité et de la production. Entrée dans une production de masse et dans une économie de masse.
2. Transformation de la condition ouvrière : « aliénation du travail » : K. Marx. Dépossession de la maîtrise du travail des ouvriers.
3. Baisse des coûts moyens de production (on produit plus en dépensant moins de salaires).
4. Apparition du personnel d'encadrement et de l'Ouvrier Spécialisé.

FORDISME :
Le but : Gagner en productivité en augmentant la production.
Le principe : Nouvelle organisation du travail: le transporteur, la chaîne de montage (division technique du travail). La standardisation des produits. Production d'une modèle unique.
Les conséquences :
1. Augmentation de la productivité et de la production.
2. Élévation spectaculaire du niveau des profits (baisse des coûts de production).
3. Augmentation du coût des investissements (il faut mobiliser beaucoup de capitaux). Conséquences sociales:
1. Déséquilibre entre la production de masse et l'absence de consommation de masse. Henry Ford : Trouver des consommateurs en étant capable de redistribuer sous forme d'une augmentation des salaires les gains de productivité « 5 $ day ».
Ce n'est qu'après la guerre que les sociétés capitalistes vont trouver les moyens de rétablir l'équilibre, c'est à dire de faire consommer en masse ce qu'on produit en masse, à travers une nouvelle régulation économique inspirée par Ford (redistribution des gains de productivité) et inspirée des thèses de Keynes avec l'apparition d'un nouvel acteur l'État (il réglemente, régule le marché) dans l'activité économique.

Quels sont les effets de l'OST sur la croissance économique ? L'objectif commun du Taylorisme, du Fordisme, du Toyotisme et de toutes les autres formes d'organisation du travail, c'est bien d'améliorer le niveau de production. Ces gains de productivité vont permettre d'impulser de la croissance économique par différentes voies, différents canaux (Voir Schéma de la croissance Fordiste). Est-ce que les gains de productivité sont automatiquement et mécaniquement converti en croissance économique ?
Réponse nuancée. Oui, période des 30 Glorieuses. Non, 20 dernières années. Il y a donc une forte corrélation mais pas de causalité.
Qu'est-ce qui fait que dans certains cas ça marche et dans d'autres pas ? Il faut faire intervenir la gestion des gains de productivité. Selon la manière dont ils sont gérés, ils peuvent être source de croissance économique ou de crise. ex : baisse des investissements. Et dans cette gestion, l'État tient un rôle particulièrement important, soit pour compenser l'insuffisance de la demande, soit pour freiner une demande trop forte.

II. LES MUTATIONS RÉCENTES DANS L'ORGANISATION DU TRAVAIL

Analyser les conséquences des mutations de la croissance sur l'organisation du travail. En quoi les mutations de la croissance économique ont entraîné des changements dans l'organisation du travail ?
Les mutations de la croissance économique ont entraîné des changements dans l'organisation du travail. Quelles sont les mutations de la croissance économique.
1. A partir de 73, la croissance est devenue fluctuante et cyclique, avec des périodes de récession économique (recul de la production - 82 et 92). Globalement, le rythme de croissance a été divisé par 2.
2. Transformations qui concernent la demande globale. Ralentissement de la demande au début des années 80, ralentissement dû à une relative saturation de l'équipement des ménages concernant les biens phares de la consommation des 30 Glorieuses. Rejet de la « monoculture industrielle ». Se mettent en place au cœur des ménages des stratégies de différenciation, afin de marquer leur différence de niveau de vie, de revenu, etc. Cela aboutit à une segmentation du marché qui va entraîner une réorganisation des systèmes productifs.
3. L'ouverture internationale. Libéralisation des échanges internationaux à la fin des années 70. Les économies nationales ne sont plus protégées. Concurrence vive pour les entreprises. + Fin progressive des monopoles publics. Ce mouvement va accélérer les mutations dans l'Organisation du travail.
4. Changements liés à la productivité du travail. Depuis 73 et surtout depuis le début des années 80, on assiste à une perte d'efficacité du capital installé. Pour produire la même quantité de VA, il faut mobiliser d'avantage de capital.
5. Difficultés du Taylorisme. Rejet de l'OST par une partie du mouvement ouvrier, c'est la première crise du Taylorisme. Causes: cadences infernales, manque d'intérêt du travail « Pourquoi perdre sa vie à la gagner ? ». Conséquences : Turn-over, absentéisme, malfaçons.

En quoi ces mutations vont entraîner des transformations dans l'organisation du travail ? Toutes ces transformations vont aboutir à une deuxième crise du Taylorisme. Au début des années 80, l'OST est incapable de trouver des solutions face à la Révolution Technologique. En effet, le Taylorisme, c'est la compression des coûts de production, notamment du travail. Or cet objectif n'est plus un critère suffisant de compétitivité.
1. Les coûts salariaux sont devenus des coûts de production secondaires voire marginaux.
2. Il devient possible d'utiliser de la main-d'œuvre extérieure (Tiers Monde).
3. Sur de nombreux coûts de production (excepté les coûts du travail), le Taylorisme est absent et presque même contre-productif. De plus, le Taylorisme ne propose pas de diversification de la production. De ce fait, ce qui devient de plus en plus décisif, c'est assurer de nouveaux gains de productivité, c'est la capacité à proposer de nouveaux critères de production. Règle des « 5 zéros» : 0 stocks, 0 pannes, 0 défauts, 0 conflits, 0 papiers.
La croissance a changée. Cela a entraîné une ou plutôt des crises du Taylorisme, qui n'est pas adapté à la diffusion des Nouvelles Technologies ainsi qu'à la diversification et à la fluctuation de la demande. Tentative de trouver un nouveau modèle productif.

Vers quel système productif se dirige-t-on ? Vers un abandon du Taylorisme ? Vers une nouvelle organisation du travail ? Ou vers un mixage ?

III. VERS UNE NOUVELLE ORGANISATION DU TRAVAIL, NÉO OU POST-TAYLORISTE ?

A la fin des années 70 ou au début des années 80, les entreprises japonaises qui appliquent avec succès les principes du Toyotisme disposent, par rapport à leur concurrent, d'un avantage considérable sur le plan de l'efficacité productive. En effet, le Toyotisme semble la bonne réponse aux nouvelles conditions de la croissance.
1. Demande incertaine, fluctuante, segmentée. Toyotisme = juste à temps. On part de la demande pour remonter à la production.
2. Ouverture internationale, compétitivité. Toyotisme = améliore la productivité par le réemploi du capital (réemploi des machines) et la suppression des stocks.
3. Crise du travail industriel (manque d'intérêt du travail, perte de motivation...). Toyotisme = implication des ouvriers, hausse des salaires, travail en équipe, polyvalence…
4. Perte de la productivité, de l'efficacité du capital. Toyotisme = réutilisation des machines, production de manière continue (3 x 8h).

Le Toyotisme s'est généralisé très rapidement à de nombreuses branches industrielles. Est-ce que, pour autant, le Toyotisme a supplanté le Taylorisme ?
La réponse est complexe et nuancée. D'un côté, le Taylorisme ne s'éteint pas. Par d'autres côtés, on peut penser que le Taylorisme et le Toyotisme ne sont pas exclusifs.
1. Le Taylorisme s'est développé dans certaines branches (restauration rapide, hôtellerie...).
2. A côté de cela, le Toyotisme se développe fortement. Mais ces deux formes d'Organisation ne sont-elles pas complémentaires ?

Le Toyotisme, lorsqu'il se développe dans les grandes entreprises, n'exclue pas le recours au Taylorisme (relations de sous-traitance). De plus, les mêmes contraintes peuvent être analysées comme une pratique proche du Taylorisme ou proche du Toyotisme (les normes et délais à respecter peuvent également être une pratique du Toyotisme - ex : sous-traitance).
Ainsi, très loin de disparaître, le Taylorisme se développe là où il était absent et il s'approfondit là où il était déjà présent. Mais les deux tendances ne sont pas incompatibles. Elles peuvent être complémentaires l'une de l'autre. + Difficultés à distinguer certaines formes du Taylorisme et du Toyotisme.

Conclusion :
La croissance des 30 Glorieuses reposait sur une croissance de masse qui donnait lieu à une consommation de masse. On a d'abord su produire en masse avant d'inventer des formes salariales qui ont permis de consommer en masse. Cette première période prend fin dans le courant des années 70. A partir de là, les conditions de la croissance se transforment. On voit donc émerger la recherche de nouvelles formes d'organisation du travail comme le Toyotisme. Pour autant, on ne peut pas dire que le Toyotisme s'est substitué à l'OST, et cela pour deux raisons.
1. ils coexistent dans certaines branches d'activité.
2. le Toyotisme empreinte certains traits du Taylorisme.