Fiche de Synthèse : Le Développement Durable

 

La hausse du niveau de vie d'une population n'améliore son niveau de santé que jusqu'à un certain point. Ainsi, les États-Unis disposent de la même espérance de vie que le Costa Rica ou le Chili alors que leur PIB par habitant est au moins trois fois plus élevé.
La croissance économique produit donc des pollutions qui forcent les sociétés à augmenter des dépenses de réparation dites « défensives » telles que les dépenses de santé.
La croissance économique menace des biens particuliers tels que les coquillages sur les côtes chinoises, biens communs , ou le climat, bien collectif .
L'industrialisation ou le contenu du mode de vie de la population dans les pays les plus riches ont provoqué l'émission de trop grandes quantités de gaz à effet de serre, eux-mêmes responsables de changements climatiques en cours et à venir. Ces changements entravent déjà le développement des pays les plus pauvres tels que la république des Maldives. La croissance économique produit donc des externalités négatives qui la rendent incompatible avec le développement et le bien-être de l'ensemble de l'humanité.

Les ressources du bien-être
Le bien-être est multidimensionnel puisque sa réalisation repose sur l'interaction entre cinq grandes catégories d'actifs :
- le capital humain ,
- le capital physique ,
- le capital naturel ,
- le capital social et
- le capital institutionnel .
Sa mesure, notamment proposée par l'OCDE, doit donc associer des indicateurs empruntés à chacun de ces champs. Il s'agit, par exemple, de la part des adultes ayant au moins le bac, du niveau de pollution de l'air dans les grandes villes, de la part des personnes qui peuvent compter sur des proches ou du taux de participation aux élections nationales.
Au même titre que les machines dans le processus de production, les capitaux naturels, humains, sociaux ou institutionnels engendrent un processus d'accumulation qui participe au bien-être de la société tout entière.
À des échelles différentes, la production de liens sociaux au sein d'équipes de bowling ou les règles politiques à l'échelle de l'Europe contribuent ainsi toutes deux à fabriquer le liant indispensable à la société. Le capital social et le capital institutionnel sont porteurs de cohésion sociale. La réalisation du bien-être ne doit pas seulement traverser les frontières. Pour être durable, elle doit aussi traverser les générations. Les possibilités de bien-être des générations futures dépendent aussi des dépenses engagées aujourd'hui, notamment sur l'éducation et la recherche.

Le bien-être des générations futures dépend du stock de capital qui leur sera transmis. Quel doit être le contenu de ce capital et sa répartition entre les différents types d'actifs qui participent à la réalisation de ce bien-être ?
Une première approche rattachée à la théorie néoclassique, et notamment soutenue par l'OCDE et la Banque mondiale, soutient une conception faible de la soutenabilité . Cette approche du développement durable autorise la destruction relative de capital naturel et la dégradation de l'environnement à condition que le stock total de capital transmis continue de croître. Seule la répartition entre les différents types d'actifs est modifiée.
Ce compromis repose sur deux hypothèses :
- d'une part, le progrès technique apportera les solutions techniques à l'épuisement de certains actifs naturels,
- d'autre part, il est envisageable de substituer du capital artificiel ou physique à du capital naturel.

Ce principe se heurte à certaines limites : la pisciculture fournit déjà 47 % de la consommation humaine mondiale de poissons. Mais les poissons mangent aussi des poissons. Le remplacement des espèces natu¬relles en voie d'extinction par des élevages industriels n'est donc peut-être pas non plus durable.

La méthode d’évaluation contingente (MEC) constitue un puissant outil d’analyse, permettant d’évaluer le prix à payer pour bénéficier de l’amélioration de la qualité d’un actif naturel (ou éviter sa dégradation), ou bien la compensation pour supporter la dégradation de cet actif. Cette méthode ne constitue pas une panacée.
Néanmoins, son succès tient essentiellement dans la souplesse de sa mise en œuvre. En fait, questionner un échantillon représentatif d’individus ne semble pas, a priori, poser de grandes difficultés.
Il s’agit d’une méthode qui, par l’interrogation directe des individus, permet de générer une estimation de mesures compensées de variation de bien-être.
Desaigues B. et Point P. (1990) font remarquer que l’administration américaine encourage l’utilisation de cette méthode, lorsque les méthodes orthodoxes d’évaluation sont inopérationnelles. L’avantage d’une telle approche est de résoudre les problèmes de valorisation en incertitude.
Malgré la relative simplicité d’utilisation de cette méthode, il conviendra de s’interroger sur son degré de validité. Même si certains économistes considèrent cette méthode comme fiable, il n’en demeure pas moins vrai que l’efficience optimale d’une telle démarche impose le respect scrupuleux de certaines procédures. Le risque de biais est réel si la collecte des informations, qui constitue la clef de voûte de la méthode, n’est pas correctement réalisée .