Fiche de Synthèse : L'innovation

 

Le changement technologique est un facteur majeur de la performance des firmes et de la compétitivité économique des industries. Ce changement était, jusqu’à très récemment, décrit au travers d’un déroulement linéaire qui allait de l’invention/création d’un savoir nouveau à la production d’un nouveau produit ou la mise en œuvre d’une nouvelle technique de production. Il était donc principalement approché en termes de moyens (humains/matériels) et de dépenses (courantes /en capital) en face desquels on plaçait des financements. Mais ce schéma s’avère incapable de décrire la complexité du phénomène. L’analyse se fixe sur un modèle d’interaction dit de liaisons en chaînesentre le potentiel propre de l’entreprise et son environnement, notamment de marché mais aussi de savoirs disponibles ou à créer. Ces interactions sont la voie de l’absorption par l’entreprise de savoirs extérieurs.

D’où la naissance d’investigation quantitative d’un type nouveau, non plus en termes de moyens mais en termes de mesure directe auprès des entreprises des résultats de l’invention c’est-à-dire la sanction par le marché des produits nouveaux ou des procédés nouveaux. L’objectif assigné à ce type d’investigation est de donner des réponses à des questions susceptibles d’éclairer à la fois la stratégie des firmes et l’action des pouvoirs publics.

En France, la première enquête innovation technologique dans l’industrie a été réalisée en 1991 par le SESSI. Depuis, de nombreuses autres enquêtes ont été effectuées sur ce domaine, trois (1993, 1997 et 2000) l’ayant même été au niveau européen. Ces enquêtes prennent appui sur le manuel d’OSLO et sur la théorie économique récente.

On considère qu’une firme a innové si elle a réalisé une innovation de produit ou de procédé. Cependant, ces deux types d’innovation peuvent être difficiles à identifier et à discriminer : certains nouveaux produits exigent de nouveaux procédés de fabrication. Inversement de nouvelles technologies de fabrications peuvent aboutir à des produits nouveaux. Compte tenu des définitions adoptées, 41% des firmes industrielles ont innové sur la période 1994-1996 contre 38,7% entre 1990-1992 et 40,3% entre 1987 et 1989. En effet, le manuel d’Oslo ne traite que de l’innovation technologique en produits et procédés. Il définit donc trois grandes catégories d’innovation technologique :

- de produits nouveaux : c’est un produit dont les caractéristiques technologiques ou les utilisations prévues présentent des différences significatives par rapport à ceux produit antérieurement. De telles innovations peuvent faire intervenir des technologies radicalement nouvelles où reposer sur l’association de technologies existantes dans de nouvelles applications, ou découler de la mise à profit de nouvelles connaissances ;
- de produits améliorés : c’est un produit existant dont les performances sont sensiblement augmentées ou améliorées ;
- de procédés : l’innovation consiste en l’adoption de méthodes de production technologiquement nouvelles ou sensiblement améliorées.

Si les innovations technologiques de produits sont dans tous les cas des innovations pour l’entreprise qui les met en œuvre, elles peuvent dans certain cas présenter un caractère de nouveauté pour le marché. Dans le premier cas, nous parlerons d’innovation pour l’entreprise et dans le second cas, d’innovation pour le marché. Ainsi, l’innovation pour le marché correspond pour l’essentiel à de la création technologique, souvent basée sur des activités de recherche et développement. Par opposition, une innovation pour l’entreprise qui n’est pas une innovation pour le marché correspond au processus de diffusion d’une technologie dans les entreprises. Cette diffusion de la technologie revêt une très grande importance dans la théorie économique de l’innovation.

Le processus de création de la technologie peut être schématiquement divisé en plusieurs phases :
-invention : cette étape est le fait exclusif de la R&D. Elle n’est pas intéressante pour l’économiste dans la mesure où elle n’est pas mise en œuvre par l’entreprise dans un produit ou dans un procédé de fabrication ;
-innovation ou commercialisation d’une nouvelle technologie : l’invention prend le nom d’innovation dès qu’elle s’incarne dans la vie économique des entreprises. Cette mise sur le marché est réalisée le plus souvent par une (ou un nombre très restreint) d’entreprises ;
-la diffusion de cette technologie : elle résulte de deux mouvements qui se renforcent. D’une part, de nouveaux consommateurs se portent sur ce produit ce qui encourage d’autre part les autres entreprises à adopter cette nouveauté.

Seules les deux dernières phases intéressent l’économiste. La dernière phase est particulièrement cruciale. En effet, l’adoption de nouvelles technologies par les producteurs et par les consommateurs est concomitante de baisses de prix et d’un rendement social important (le «bénéfice » que tire la société de cette innovation est accrue). Dans une économie globalisée, la vitesse de diffusion de l’innovation technologique est un élément clé du dynamisme du tissu industriel.

La mise au point d’une innovation technologique pour le marché est tout aussi importante. Elle va s’intégrer au stock de connaissances technologiques dans lequel des entreprises suiveuses pourront puiser. C’est ce que les économistes appellent les externalités technologiques (spillovers). Bien entendu, il n’existe pas de frontière claire entre la création de technologie et la diffusion. Ainsi, les entreprises suiveuses peuvent aussi améliorer la technologie ou l’appliquer à de nouveaux domaines. Dans ce cas, nous retrouvons une forme de création technologique.